Les écoles chanlynoises

Des débuts laborieux

L’enseignement n’a pas commencé partout en même temps. L’initiative était principalement communale. A certains endroits, il y eut des instituteurs à la fin des années 1700. Dans d’autres villages, cela démarra plus tard.

A Chanly, cela doit avoir commencé sous la domination hollandaise (1815). Rien de précis cependant. Comme en beaucoup d’endroits, on tint école dans une maison particulière que la commune louait. Ce local, qui ne répondait à aucune règle élémentaire d’hygiène, était souvent trop petit pour le grand nombre d’élèves. Précisons que celui-ci était très variable selon les saisons d’autant plus que l’école n’était pas obligatoire. C’était l’époque où l’élève apportait sa bûche et où le maître était parfois nourrit par les parents (chacun à leur tour).

Les archives nous signalent que vers 1820, l’école se tient à la maison communale. Comme celle-ci est régulièrement occupée par des fonctionnaires, la commune va louer une maison dans le village pour 71 centimes par mois (Chanly aux temps oubliés – voir sources). Où était cette maison ? Certainement pas au Tombois ?

Début des années 1840, Chanly et Halma sont réunis et comptent 113 élèves (58 à Chanly et 55 à Halma). Impossible d’assumer pour la commune qui va envoyer ses élèves dans les villages voisins. Pendant quelques années, Chanly ira à Resteigne et Halma à Wellin.

Cela ne dura pas longtemps et l’on revint au village. Mais la commune doit louer et payer un local à un particulier. C’est désespérant car si en hiver, l’école refuse du monde, quand revient la bonne saison, elle est désertée pour le travail des champs.

L’atlas des chemins de 1844, nous apprend que le presbytère (celui qui existe toujours) est devenu maison d’école. C’est cependant assez petit, insalubre et non meublé.

Construction de la nouvelle école au Tombois – 1857

La commune ne sait où donner de la tête. Dans les deux villages, elle doit reconstruire l’église et le presbytère. Ce qui fait qu’à Chanly, l’école doit de nouveau déménager. Où ? Halma est toujours un peu en avance et veut en construire une rapidement. Chanly va faire de même.

On a vu que l’emplacement de l’église n’avait pas plu à tous. Cette fois, il n’y aura pas de problèmes et la nouvelle école sera bâtie sur le rocher au Tombois. Ce sera l’architecte provincial  Gérard Cordonnier de Neufchâteau qui va faire les plans.

Comme d’habitude, les tractations sont longues et l’avancement est lent. La commune  se plaint qu’elle n’a pas de sous. Elle a du payer pour deux églises, leur ameublement, les presbytères. De plus, il faut construire un nouveau pont. Le conseil communal se fait malheureux. Mais il faut bien y passer et ainsi la nouvelle école sera dans les normes ministérielles.
Un premier devis fait état de 6.400 francs, plus 6.500 francs pour l’ameublement. Avec l’achat du terrain on en sera à 18.000 francs. Il faudra en vendre du bois ?

Pendant tout ce temps, l’école continue sans doute au presbytère où les travaux envisagés sont fortement retardés.

Enfin tout est bien qui finit bien et en 1857, l’école trône au Tombois. Ce sera aussi la maison communale. La commune représentée alors par le bourgmestre Mahy avec les conseillers Otjacques, Golinvaux, Lambert, Philippe, Hénin et le secrétaire Albert, peut être fière.

L’école se dresse là, fière, au fond à droite de l’image

La guerre scolaire avec la loi de « malheurs ».

En 1879, c’est la guerre scolaire. Ce sera assez catastrophique dans beaucoup de communes. La loi scolaire imposée par le parti libéral, supprime les croix dans les écoles, les cours de religion et les subsides aux écoles qui n’obéiront pas. Dans les villages c’est la révolution. Tout le monde est pour ainsi dire croyant, mais la commune doit obéir au gouvernement. Les curés vont prendre des attitudes pas très catholiques. Ils refuseront les sacrements à ceux qui fréquentent les écoles communales. Il va y avoir des tensions dans les ménages.
A Chanly, c’est Henri Boulard qui est bourgmestre. Il se voit obligé d’installer une école primaire non libre à coté de l’école existante. La population va la saboter et la nouvelle école n’aura pour ainsi dire pas d’élève. On y signale 15 élèves alors que l’école libre en a 60. La commune s’empressera de la supprimera dès 1884. Pendant ce temps, le cours de religion a été donné par le curé dans son église.

Les agrandissements de 1885.

En 1885, tout est redevenu calme, mais des aménagements importants s’imposent. Encore des sous. C’est Edouard Palandat d’Halma qui fait ces travaux et ils sont reçus le 26 mars de la même année par François Javaux entrepreneur à Resteigne.
A ce moment, tout est en ordre. On a une grande salle d’école, un bûcher, un logement pour l’instituteur, 3 chambres au dessus, préau, cour, toilettes élèves et instituteur. Il y aussi cave, grenier, salle communale, cuisine avec pompe. L’inspecteur Grégorius X conclut en disant que c’est regrettable qu’il n’y ait pas d’étable ???
Au point de vue enseignement, ce n’est pas encore l’école obligatoire, mais elle devient gratuite. Certains instituteurs sont assez folkloriques, les parents rouspètent, enfin c’est la vie.
Chanly décide de faire une école pour les filles dans le même bâtiment, ainsi qu’une gardienne.

Une deuxième école pour les filles et les petits.

En 1900, on va séparer les deux écoles. Les garçons resteront au Tombois et les filles auront une nouvelle école de l’autre côté de la Lesse.
La commune achète donc un terrain au lieu-dit « Lerat ? » pour la nouvelle école. On est en 1900 et il y a appel aux soumissions que voici :
–    Léon Oudart de Daverdisse : 24.200 F
–    Ferdinand Camus de Rochefort : 29.926 F
–    François Javaux de Resteigne : 30.630 F
–    Laurent Jacques de Winenne : 31520 F
Le nouveau bourgmestre Mahy et son conseil choisissent Javaux .

Ce seront les religieuses de la Doctrine Chrétienne de Pesches qui tiendront cette école Il y aura aussi une école gardienne mixte. Il a trois sœurs qui occupent les bâtiments où elles ont un logement, cuisine, etc.

L’école des filles, Chanly, 1905
Des petites écolières à Chanly, 1908

Vers l’époque « moderne » et la fermeture .

En 1927, la commune va mettre l’électricité dans les deux bâtiments et fait appel aux soumissions :
–    Hubert Lehnen de Chanly  avec Gabriel Dupont de Ciney : 8.490 F
–    J. Van Baerlem de Wellin : 5.050 F
–    Dasnois de Wellin : 4.539 F.

Ce sera ce dernier qui sera choisi.
L’enseignement va évoluer. Après la guerre, de nouvelles normes vont apparaître. Les petites écoles deviennent dépendantes du nombre d’élèves, ce qui créera un climat parfois difficile entre les communes. Toujours est-il que Chanly n’a plus assez d’élèves pour avoir deux écoles…

L’école des filles va fermer vers 1960 et les sœurs quitteront le village. L’école deviendra mixte en 1964 (à confirmer) et sera tenue au Tombois.

Dans les années 1980, voilà qu’il y a trop d’élèves. L’école va nécessiter deux enseignants. Outre la gardienne qui existe toujours, il y aura un degré supérieur et un degré inférieur. On donna aussi de nouveau cours (morale, gym, etc.), ce qui nécessitait parfois des retours à l’ancienne école des Sœurs. Cela ne durera pas et Ghislaine Grégoire qui fut la dernière institutrice allait se retrouver avec trop peu d’élèves début des années 2000. La fusion des communes avait redistribué les cartes et certaines écoles survécurent au détriment d’autres peut être moins protégées.

Le 1 octobre 2004, Chanly fermait son école sans doute à jamais ?  Morgane Lefebvre et Isabelle Sommelette furent parmi les derniers élèves.

Le village allait perdre un peu de son âme et les quelques petits commerces qui l’animaient encore disparurent également.

Ecole d’adultes et de couture

J’ai peu de renseignements sur ces deux initiatives qui durent avoir lieu comme partout Madeleine Bernard est signalée comme maitresse de couture.
Par contre, j’ai une photo représentant une école de coupe et couture à Chanly en septembre 1927. C’était devant le garage café Lehnen près du pont. C’était une formation assurée par les machines à coudre Singer.

Une photographie devant le garage Lehnen, 1927

Enseignants

Voici une liste certainement bien incomplète des instituteurs et institutrices de Chanly. Les dates sont approximatives.

1837 à 1848 : Albert JJ
1849 à 1864 : Jadot H à Chanly et Frogneux depuis 1861 à Halma.
1865 : Glasquin ???
1884 : Lucas Jean-Baptiste – école communale imposée.
1887 : M. Jacquemin JJ est renseignée en gardienne et Melle Bertrand pour les filles de primaire.
1900 : démission de M. Jacquemin. Deux sœurs viennent s’occuper des gardiennes et des primaires filles
1900 : Marchand Henriette (Sœur Thérèse Elisabeth)- primaire filles
1920 : Wilmots JJ (garçons) et  Sœur Thérèse (filles)
1933 : Wilmots C G  (garçons) et Devillers L (filles)
1958 : Weis Jean et Devillers L
1960 : Quand elles ont quitté Chanly, les sœurs étaient trois : Sœur Thérèse (primaires), Sœur Marie Segondine (gardienne) et Sœur Marie Jeanne qui s’occupait du ménage et de la cuisine
1964 : Weis Jean (école mixte).
1978 : Grégoire Guilaine épouse Grégoire Claude
Dédoublement
4, 5, 6ème : Grégoire Guilaine  (remplacée 3 années par Magdeleine Kiebooms)
1, 2, 3 : M. Giot (1 an) puis Remacle Amandine, puis Nannan Michèle
Gardienne : Detaille Claire puis Simon Claire

J’espère que ces lignes vont rappeler de bons souvenirs à bien des personnes et qu’elles me permettront de compléter ce petit travail sur les écoles.

Sources :

Guilaine, Bernadette et Claude Grégoire, Josianne Georges que je remercie

Chanly aux temps oubliés par le Centre d’Histoire et Traditions de Wellin.

Archives de l’Etat à Arlon

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