Quand Chanly avait une gare…

 

La ligne du tram qui passait à Chanly faisait partie de ce que l’on appelle le « groupe Wellin ». On distingue 4 étapes dans l’évolution de ce groupe.

  • la ligne Wellin-Grupont : 1 février 1894
  • la ligne Wellin-Rochefort :14 février 1904
  • la ligne des grottes de Han : 1 juin 1906
  • la ligne Wellin-Graide : 14 août 1908

Ces petites lignes métriques à une seule voie, cascadaient entre 3 lignes de chemin de fer (écartement de 1,435 m) :

  • Bertrix-Houyet achevée en 1899
  • Dinant –Houyet-Rochefort-Jemelle terminée en 1898
  • Namur-Jemelle-Arlon :1858

Attardons-nous à la ligne Wellin-Grupont qui passait par Halma, Neupont, Chanly, Resteigne, Tellin et Bure. Elle faisait 13,8 km et donnait au début correspondance à Wellin à une malle-poste qui rejoignait Beauraing.

L’état, la province et les communes furent les actionnaires de ce vicinal.
Le tram était bien sûr à vapeur et mettait une heure pour parcourir le trajet. On donnait alors 10 centimes du km.. La locomotive prenait de l’eau à la Lesse non loin de Chanly. Un pont de fer dont les piliers existent encore permettait de franchir cette rivière un peu en amont de Neupont. Les autorails (essence ou mazout) arrivèrent vers 1930. Ils allaient presque deux fois plus vite. Enfin cela dépendait du nombre et du type de wagons qu’ils traînaient. Les gares sauf aux extrémités de la ligne n’étaient que des arrêts, la plupart du temps sans abris. Il y avait des quais de chargements (pour le bois principalement) dans tous les villages.

Une carte postale illustrant la ligne du vicinal de Chanly. Dans le coin supérieur droit de l’illustration, on distingue le séminaire des Missions Africaines (actuellement le « Val des Seniors »)

Le quai de chargement à Neupont

La liaison vers Rochefort accéléra le trafic en 1904.

Enfin quelques années plus tard, on relia la ligne Bertrix-Houyet (à partir de la gare de Graide) à notre ligne à Neupont. Ce projet était à l’étude depuis longtemps, mais il traîna car Gedinne voulait également avoir accès à la ligne. Le raccordement à Neupont se fit sur la rive droite de la Lesse. C’est ainsi que pour aller de Graide à Grupont, il fallait venir à l’arrêt de Neupont. Là, comme il y avait un poste de commande à chaque extrémité de la motrice, on changeait de côté pour repartir vers Chanly.

Les principales denrées transportées étaient bien sûr le bois, les engrais et les produits agricoles. Les voyageurs aimaient bien ce petit tram qui les conduisait notamment à Rochefort qui était un centre très apprécié de nos villageois.

Les Allemands démontèrent la section Grupont Neupont en 1943. Elle fut restaurée et réouverte en mai 1949.
Cependant ces lignes n’étaient pas très rentables pour la société des chemins de fer vicinaux. De plus avec l’arrivée des autocars, elle modernisa son infrastructure et ferma le service par rail. C’est ainsi que le service voyageurs fut supprimé le 1 septembre 1955. Le trafic marchandises continua jusqu’au 10 mars 1957.

Le démontage suivit. Les communes étaient prioritaires. Si elles n’en voulaient pas, les riverains pouvaient acheter l’étendue qu’ils voulaient. C’est ce qui se passa en beaucoup d’endroits. C’est pourquoi actuellement les projets de Ravel ont bien des difficultés à s’implanter.

La gare de Chanly, en 1913, avec le café de Lydia Marchal

 

Ce qu’on appelait la gare de Chanly ne comportait qu’un quai de chargement avec une voie de garage. Pas de bâtiment. Au croisement de la ligne et de la route qui mène vers le Val des Seniors, là où s’arrêtait le tram, Lydia Marchal tenait café. Les voyageurs pouvaient donc y attendre agréablement son passage. Ils l’entendaient déjà siffler ou klaxonner (suivant les époques) dès qu’il approchait. Il n’y avait apparemment pas de dépôt de colis au café. Il fallait porter ses petites marchandises et attendre le passage du convoi. C’est ainsi que les chaussures Durigneux y portait leurs colis. Emma Sprumont, elle, y amenait le beurre de la laiterie coopérative du village avec une petite charrette. Au fil du temps, le café devint moins fréquenté tout comme le tram. Pour finir, c’était devenu un café « occasionnel » et Lydia louait une partie de son logis. De l’autre côté du chemin, c’était la maison Denil à qui succéda Yvonne Frogneux.

La gare en 1935 : remarquez-vous l’évolution des environs ?

L’enseigne du café a disparu. Mais ne serait-ce pas la première chambre d’hôtes de Chanly ?

Un lieu marquant…

Un souvenir marqua beaucoup Emma Sprumont comme tous les gens de l’époque. En effet, c’est dans un wagon de marchandises que l’on ramena le corps d’Alphonse Marchal (un frère à Lydia) décédé en Allemagne.Mais il n’y eut pas que de mauvais souvenirs. Le tram donnait de la vie à nos localités et beaucoup en ont encore la nostalgie. Les autobus, même s’ils sont plus performants pour les voyageurs, n’ont pas le même impact. Il faut dire que la voiture individuelle y est pour quelque chose
C’était le bon vieux temps dit-on.

 Sources

Comptes rendus annuels de la Société des chemins de fer Vicinaux

« Les trams vicinaux en Ardenne » de Stéfan Justens

Souvenirs de Madame Emma Sprumont et ses filles Mesdames Anne-Marie et Aline Martin

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